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Scène VII

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Dircé.

Parmi de tels malheurs que sa constance est rare !
Il ne s’emporte point contre un sort si barbare ;
La surprenante horreur de cet accablement
Ne coûte à sa grande âme aucun égarement ;
Et sa haute vertu, toujours inébranlable,
Le soutient au-dessus de tout ce qui l’accable.


Thésée.

Souvent, avant le coup qui doit nous accabler,
La nuit qui l’enveloppe a de quoi nous troubler :
L’obscur pressentiment d’une injuste disgrâce
Combat avec effroi sa confuse menace ;
Mais quand ce coup tombé vient d’épuiser le sort
Jusqu’à n’en pouvoir craindre un plus barbare effort,
Ce trouble se dissipe, et cette âme innocente,
Qui brave impunément la fortune impuissante,
Regarde avec dédain ce qu’elle a combattu,
Et se rend toute entière à toute sa vertu.



Scène VIII

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Nérine.

Madame…


Dircé.

Que veux-tu, Nérine ?


Nérine.

Hélas ! La reine…