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ŒDIPE

Scène III

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OEDIPE, IPHICRATE, PHORBAS[1].
Iphicrate.

Seigneur, voilà celui qui vous mit en mes bras ;
1745Permettez qu’à vos yeux je montre un peu de joie.
Se peut-il faire, ami, qu’encor je te revoie ?

Phorbas.

Que j’ai lieu de bénir ton retour fortuné !
Qu’as-tu fait de l’enfant que je t’avois donné ?
Le généreux Thésée a fait gloire de l’être ;
1750Mais sa preuve est obscure, et tu dois le connoître.
Parle.

Iphicrate.

Parle.Ce n’est point lui, mais il vit en ces lieux.

Phorbas.

Nomme-le donc, de grâce.

Iphicrate.

Nomme-le donc, de grâce.Il est devant tes yeux.

Phorbas.

Je ne vois que le Roi.

Iphicrate.

Je ne vois que le Roi.C’est lui-même.

Phorbas.

Je ne vois que le Roi.C’est lui-même.Lui-même !

Iphicrate.

Oui : le secret n’est plus d’une importance extrême ;
1755Tout Corinthe le sait. Nomme-lui ses parents.

Phorbas.

En fussions-nous tous trois à jamais ignorants !

  1. Voyez la pièce de Sophocle, vers 1107 et suivants ; et celle de Sénèque, acte IV, vers 845 et suivants.