Puisque de notre hymen les liens mal tissus
Par ces mêmes devoirs semblent être rompus.
Je vais donc à Corinthe[1] achever mon supplice.
Mais ce n’est pas au peuple à se faire justice :
L’ordre que tient le ciel à lui choisir des rois
Ne lui permet jamais d’examiner son choix ;
Et le devoir aveugle y doit toujours souscrire,
Jusqu’à ce que d’en haut on veuille s’en dédire.
Pour chercher mon repos, je veux bien me bannir ;
Mais s’il me bannissoit, je saurois l’en punir ;
Ou si je succombois sous sa troupe mutine,
Je saurois l’accabler du moins sous ma ruine.
Seigneur, jusques ici ses plus grands déplaisirs
Pour armes contre vous n’ont pris que des soupirs ;
Et cet abattement que lui cause la peste
Ne souffre à son murmure aucun dessein funeste.
Mais il faut redouter que Thésée et Dircé
N’osent pousser plus loin ce qu’il a commencé.
Phorbas même est à craindre, et pourrait le réduire
Jusqu’à se vouloir mettre en état de vous nuire.
Thésée a trop de cœur pour une trahison ;
Et d’ailleurs j’ai promis de lui faire raison.
Pour Dircé, son orgueil dédaignera sans doute
L’appui tumultueux que ton zèle redoute.
Phorbas est plus à craindre, étant moins généreux ;
Mais il nous est aisé de nous assurer d’eux.
Fais-les venir tous trois, que je lise en leur âme
S’ils prêteroient la main à quelque sourde trame.
Commence par Phorbas : je saurai démêler
Quels desseins…
- ↑ Voyez plus haut, vers 261, p. 145.