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Du nom du meurtrier ? Savez-vous sa naissance ?


Phorbas.

Et de plus sa demeure et son rang. Est-ce assez ?


Jocaste.

Je saurai le punir si vous le connaissez.
Pourrez-vous le convaincre ?


Phorbas.

Et par sa propre bouche.


Jocaste.

À nos yeux ?


Phorbas.

À vos yeux. Mais peut-être il vous touche ;
Peut-être y prendrez-vous un peu trop d’intérêt,
Pour m’en croire aisément quand j’aurai dit qui c’est.


Thésée.

Ne nous déguisez rien, parlez en assurance,
Que le fils de Laïus en hâte la vengeance.

Jocaste.

Il n’est pas assuré, prince, que ce soit vous,
Comme il l’est que Laïus fut jadis mon époux ;
Et d’ailleurs si le ciel vous choisit pour victime,
Vous me devez laisser à punir ce grand crime.


Thésée.

Avant que de mourir, un fils peut le venger.


Phorbas.

Si vous l’êtes ou non, je ne le puis juger ;
Mais je sais que Thésée est si digne de l’être,
Qu’au seul nom qu’il en prend je l’accepte pour maître.
Seigneur, vengez un père, ou ne soutenez plus
Que nous voyons en vous le vrai sang de Laïus.


Jocaste.

Phorbas, nommez ce traître, et nous tirez de doute ;
Et j’atteste à vos yeux le ciel, qui nous écoute,
Que pour cet assassin il n’est point de tourments