C’est trop nous asservir ces majestés suprêmes.
Ma fille, il est toujours assez tôt de mourir.
Madame, il n’est jamais trop tôt de secourir ;
Et pour un mal si grand qui réclame notre aide,
Il n’est point de trop sûr ni de trop prompt remède.
Plus nous le différons, plus ce mal devient grand[1].
J’assassine tous ceux que la peste surprend ;
Aucun n’en peut mourir qui ne me laisse un crime :
Je viens d’étouffer seule et Sostrate et Phædime ;
Et durant ce refus des remèdes offerts,
La Parque se prévaut des moments que je perds.
Hélas ! Si sa fureur dans ces pertes[2] publiques
Enveloppait Thésée après ses domestiques !
Si nos retardements…
Ne lui dérobez point un cœur si bien placé.
Avec tant de courage ayez quelque tendresse ;
Agissez en amante aussi bien qu’en princesse.
Vous avez liberté toute entière en ces lieux :
Le Roi n’y prend pas garde, et je ferme les yeux.
C’est vous en dire assez : l’amour est un doux maître ;
Et quand son choix est beau, son ardeur doit paroître[3].
Je n’ose demander si de pareils avis
Portent des sentiments que vous ayez suivis.
Votre second hymen put avoir d’autres causes ;
Mais j’oserai vous dire, à bien juger des choses,