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PERTHARITE

raissait vraisemblable, et nous avions même pensé qu’elle se trouvait confirmée par un témoignage de Chapelain, qu’on ne connaît malheureusement que d’une manière incomplète et détournée[1] ; mais toutes les hypothèses disparaissent devant un passage formel de Tallemant des Réaux, dont on n’avait pas encore tiré parti pour l’histoire des ouvrages de Corneille, et qui recule de plus d’un an la date de la première représentation de Pertharite.

« Au carnaval de 1652, dit Tallemant[2], Mme de Montglas fit une plaisante extravagance chez la présidente de Pommereuil. On y devoit jouer Pertharite, roi des Lombards, pièce de Corneille, qui n’a pas réussi. Mlle de Rambouillet dit à Segrais, garçon d’esprit qui est à cette heure à Mademoiselle, qu’elle n’avoit point vu l’Amour à la mode, et qu’elle l’aimeroit bien mieux : « Dites-le à la comtesse de Fiesque. » La comtesse le dit à Hippolyte : c’est le fils du président de Pommereuil du premier lit, un benêt qu’on appeloit ainsi parce qu’on lui faisoit la guerre qu’il étoit amoureux de sa belle-mère. Hippolyte, qui étoit épris de la comtesse, alla dire aux comédiens que, quoi qu’il en coûtât, il falloit absolument jouer l’Amour à la mode[3], et les envoya changer d’habits. » L’Historiette, qui ne contient plus rien d’intéressant pour nous, se termine par le récit des réclamations et de la brusque retraite de Mme de Montglas.

Malgré le peu de succès de Pertharite, il y avait, on le voit, des personnes curieuses d’assister à des représentations particulières de cet ouvrage, qui avait si vite disparu de la scène de l’hôtel de Bourgogne[4] : il ne s’y était montré

    fol. 1003 recto ; Bibliothèque du Théâtre françois, tome III, p. 3 ; Histoire de la vie et des ouvrages de P. Corneille, par M. J. Taschereau, seconde édition, p. 148.

  1. Voyez tome IV, p. 277 et 278.
  2. Tome V, p. 370 et 371.
  3. Voyez ci-dessus, p. 3, note 2.
  4. Tout porte à croire que ce fut à ce théâtre que Pertharite fut représenté ; du reste les historiens du théâtre ne se prononcent pas, à l’exception toutefois de l’auteur du Journal du Théâtre françois, qui dit : « La troupe royale de l’hôtel de Bourgogne donna une tragédie nouvelle intitulée Pertharite. » (Folio 1003 recto.)