ACTE II.
Scène première.
Que m’imposa la force et qu’accepta ma crainte,
Heureux déguisements d’un immortel courroux,
Vains fantômes d’État, évanouissez-vous !
Si d’un péril pressant la terreur vous fit naître,
Avec ce péril même il vous faut disparoître[1],
Semblables à ces vœux dans l’orage formés,
Qu’efface un prompt oubli quand les flots sont calmés.
Et vous, qu’avec tant d’art cette feinte a voilée,
Recours des impuissants, haine dissimulée,
Digne vertu des rois, noble secret de cour,
Éclatez, il est temps, et voici notre jour.
Montrons-nous toutes deux, non plus comme sujettes,
Mais telle que je suis et telle que vous êtes.
Le Parthe est éloigné, nous pouvons tout oser :
Nous n’avons rien à craindre et rien à déguiser ;
Je hais, je règne encor. Laissons d’illustres marques
En quittant, s’il le faut, ce haut rang des monarques :
Faisons-en avec gloire un départ éclatant,
Et rendons-le funeste à celle qui l’attend.
C’est encor, c’est encor cette même ennemie
Qui cherchoit ses honneurs dedans mon infamie,
- ↑ Var. Avecque ce péril vous devez disparoître. (1647-56)