J’espérois que l’éclat dont le trône se pare[1]
Toucheroit vos desirs plus qu’un objet si rare ;
Mais aussi bien qu’à moi son prix vous est connu,
Et dans ce juste choix vous m’avez prévenu.
Ah, déplorable prince !
Ah ! destin trop contraire !
Que ne ferois-je point contre un autre qu’un frère ?
Que ne ferois-je point contre un autre que vous !
Où nous vas-tu réduire, amitié fraternelle ?
Amour, qui doit ici vaincre de vous ou d’elle ?
L’amour, l’amour doit vaincre, et la triste amitié
Ne doit être à tous deux qu’un objet de pitié.
Un grand cœur cède un trône, et le cède avec gloire[2] :
Cet effort de vertu couronne sa mémoire ;
Mais lorsqu’un digne objet a pu nous enflammer,
Qui le cède est un lâche et ne sait pas aimer.
De tous deux Rodogune a charmé le courage ;
Cessons par trop d’amour de lui faire un outrage :
Elle doit épouser, non pas vous, non pas moi,
Mais de moi, mais de vous, quiconque sera roi.
La couronne entre nous flotte encore incertaine ;
Mais sans incertitude elle doit être reine.
Cependant, aveuglés dans notre vain projet[3],