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CLITON.

Ne me l’enviez point, le vôtre est assez ample ;
Et puisque enfin le ciel m’a voulu départir
960Le don d’extravaguer, comme à vous de mentir,
Comme je ne mens point devant votre Excellence,
Ne dites à mes yeux aucune extravagance ;
N’entreprenez sur moi, non plus que moi sur vous.

DORANTE.

Tais-toi ; le ciel m’envoie un entretien plus doux :
L’ambassade revient.

CLITON.

965L’ambassade revient.Que nous apporte-t-elle ?

DORANTE.

Maraud, veux-tu toujours quelque douceur nouvelle ?

CLITON.

Non pas, mais le passé m’a rendu curieux ;
Je lui regarde aux mains un peu plutôt qu’aux yeux[1].


Scène III.

DORANTE, MÉLISSE, déguisée en servante, cachant son visage sous une coiffe ; CLITON, LYSE.
CLITON, à Lyse.

Montre ton passe-port. Quoi ? tu viens les mains vides ?
970Ainsi détruit le temps les biens les plus solides[2] ;
Et moins d’un jour réduit tout votre heur et le mien,
Des louis aux douceurs, et des douceurs à rien.

LYSE.

Si j’apportai tantôt, à présent je demande.

  1. Var. Je lui regarde aux mains aussitôt comme aux yeux. (1645-56)
  2. Var. Ainsi détruit le temps les choses plus solides (a). (1645-56)

    (a) L’édition de 1645 porte en marge, à côté de ce vers, les mots : à Dorante.