Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/470

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Scène III.

AUGUSTE, LIVIE, CINNA, MAXIME, ÉMILIE, FULVIE.
AUGUSTE.

Mais enfin le ciel m’aime, et ses bienfaits nouveaux[1]
Ont enlevé[2] Maxime à la fureur des eaux.
Approche, seul ami que j’éprouve fidèle.1665

MAXIME.

Honorez moins, Seigneur, une âme criminelle.

AUGUSTE.

Ne parlons plus de crime après ton repentir, 1670
Après que du péril tu m’as su garantir :
C’est à toi que je dois et le jour et l’empire.

MAXIME.

De tous vos ennemis connoissez mieux le pire : 1670
Si vous régnez encor, Seigneur, si vous vivez,
C’est ma jalouse rage à qui vous le devez.
Un vertueux remords n’a point touché mon âme ;
Pour perdre mon rival, j’ai découvert sa trame.
Euphorbe vous a feint que je m’étais noyé, 1675
De crainte qu’après moi vous n’eussiez envoyé :
Je voulois avoir lieu d’abuser Émilie,
Effrayer son esprit, la tirer d’Italie,
Et pensois la résoudre à cet enlèvement
Sous l’espoir du retour pour venger son amant ; 1680
Mais au lieu de goûter ces grossières amorces,
Sa vertu combattue a redoublé ses forces.

  1. Var. Mais enfin le ciel m’aime, et parmi tant de maux
    Il m’a rendu Maxime, et l’a sauvé des eaux. (1643-56)
  2. Voltaire, dans l’édition de 1786, a remplacé enlevé par arraché. Il fait commencer la scène au vers 1665.