Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/394

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chargé d’incidents, ni trop embarrassé des récits de ce qui s’est passé avant le commencement de la pièce, est une des causes sans doute de la grande approbation qu’il a reçue. L’auditeur aime à s’abandonner à l’action présente, et à n’être point obligé, pour l’intelligence de ce qu’il voit, de réfléchir sur ce qu’il a déjà vu, et de fixer sa mémoire sur les premiers actes, cependant que les derniers sont devant ses yeux. C’est l’incommodité des pièces embarrassées, qu’en termes de l’art on nomme implexes, par un mot emprunté du latin, telles que sont Rodogune et Héraclius. Elle ne se rencontre pas dans les simples ; mais comme celles-là ont sans doute besoin de plus d’esprit pour les imaginer, et de plus d’art pour les conduire, celles-ci, n’ayant pas le même secours du côté du sujet, demandent plus de force de vers, de raisonnement et de sentiments[1] pour les soutenir.


  1. Var. (édit. de 1660) : et de raisonnement, ou de sentiments.