Tu le dois.
Je ne puis.
Crains-tu si peu le blâme, et si peu les faux bruits ?
Quand on saura mon crime, et que ta flamme dure,
Que ne publieront point l’envie et l’imposture !
Force-les au silence, et sans plus discourir,
Sauve ta renommée en me faisant mourir.
Elle éclate bien mieux en te laissant la vie[1] ;
Et je veux que la voix de la plus noire envie
Élève au ciel ma gloire et plaigne mes ennuis,
Sachant que je t’adore et que je te poursuis.
Va-t’en, ne montre plus à ma douleur extrême
Ce qu’il faut que je perde, encore que je l’aime.
Dans l’ombre de la nuit cache bien ton départ :
Si l’on te voit sortir, mon honneur court hasard.
La seule occasion qu’aura la médisance,
C’est de savoir qu’ici j’ai souffert ta présence :
Ne lui donne point lieu d’attaquer ma vertu.
Que je meure !
Va-t’en.
À quoi te résous-tu ?
Malgré des feux si beaux, qui troublent ma colère[2],
Je ferai mon possible à bien venger mon père ;
Mais malgré la rigueur d’un si cruel devoir,