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LE CID.

Je ne puis sans regret perdre un tel capitaine.
Après un long service à mon État rendu,
Après son sang pour moi mille fois répandu,
645À quelques sentiments que son orgueil m’oblige,
Sa perte m’affoiblit, et son trépas m’afflige.


Scène VIII.

DON FERNAND, DON DIÈGUE, CHIMÈNE, DON SANCHE, DON ARIAS, DON ALONSE.
Chimène.

Sire, Sire, justice !

Don Diègue.

Sire, sire, justice ! Ah ! Sire, écoutez-nous.

Chimène.

Je me jette à vos pieds.

Don Diègue.

Je me jette à vos pieds.J’embrasse vos genoux.

Chimène.

Je demande justice.

Don Diègue.

Je demande justice.Entendez ma défense[1].

Chimène.

650D’un jeune audacieux punissez l’insolence :
Il a de votre sceptre abattu le soutien,
Il a tué mon père.

Don Diègue.

Il a tué mon père.Il a vengé le sien.

Chimène.

Au sang de ses sujets un roi doit la justice.

  1. Var. [don dièg. Entendez ma défense.]
    chim. Vengez-moi d’une mort don dièg. Qui punit l’insolence.
    chim. Rodrigue, Sire… don dièg. A fait un coup d’homme de bien.
    chim. [Il a tué mon père.] (1637-56)