Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/481

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE III, SCENE I. 467


ACTE III


Scène première

Géronte, Isabelle
Géronte.

Apaisez vos soupirs et tarissez vos larmes, Contre ma volonté ce sont de foibles armes : Mon cœur, quoique sensible à toutes vos douleurs, Ecoute la raison, et néglige vos pleurs. Je sais ce qu’il vous faut beaucoup mieux que vous-même. Vous dédaignez Adraste à cause que je l’aime ; Et parce qu’il me plaît d’en faire votre époux, Votre orgueil n’y voit rien qui soit digne de vous. Quoi ! manque-t-il de bien, de cœur ou de noblesse ? En est-ce le visage ou l’esprit qui vous blesse ? Il vous fait trop d’honneur.

Isabelle

xxxxxxxxxxxxxxxx Je sais qu’il est parfait, Et que je réponds mal à l’honneur qu’il me fait ; Mais si votre bonté me permet en ma cause, Pour me justifier, de dire quelque chose, Par un secret instinct, que je ne puis nommer,

1.Var. Je connois votre bien beaucoup mieux que vous-même.
Orgueilleuse, il vous faut, je pense, un diadème,
Et ce jeune baron, avecque tout son bien,
Passe encore chez vous pour un homme de rien !
Que lui manque après tout ? bien fait de corps et d’âme,
Noble, courageux, riche, adroit et plein de flamme,
[Il vous fait trop d’honneur.] (1639-57)
2.Var. Et reconnois fort mal les honneurs qu’il me fait. (1639-63)