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ACTE II, SCÈNE II. 451

Partout où j’ai trouvé des rois un peu trop vains,
J’ai détruit les pays pour punir leurs monarques,
Et leurs vastes déserts en sont de bonnes marques :
Ces grands sables qu’à peine on passe sans horreur
Sont d’assez beaux effets de ma juste fureur.

Clindor.

Revenons à l’amour : voici votre maîtresse.

Matamore

Ce diable de rival l’accompagne sans cesse.

Clindor

Où vous retirez-vous ?

Matamore

xxxxxxxxxxxxxxxx Ce fat n’est pas vaillant ;
Mais il a quelque humeur qui le rend insolent.
Peut-être qu’orgueilleux d’être avec cette belle,
Il seroit assez vain pour me faire querelle.

Clindor

Ce seroit bien courir lui-même à son malheur.

Matamore

Lorsque j’ai ma beauté, je n’ai point de valeur.

Clindor

Cessez d’être charmant, et faites-vous terrible.

Matamore

Mais tu n’en prévois pas l’accident infaillible ;
Je ne saurois me faire effroyable à demi :
Je tuerois ma maîtresse avec mon ennemi.
Attendons en ce coin l’heure qui les sépare.

Clindor

Comme votre valeur, votre prudence est rare.


 1. Dans l’édition de 1682, on lit, mais c’est probablement une faute d’impression :
"leurs pays, » pour : "les pays. »
2. Var. J’ai détruit les pays avecque les monarques. (1639-57)
3. Var. Lorsque j’ai ma beauté, je n’ai point ma valeur. (1639-68)