Et cette épreuve a su si bien les assurer,
Qu’incontinent Créuse a voulu s’en parer ;
Mais cette infortunée à peine l’a vêtue,
Qu’elle sent aussitôt une ardeur qui la tue :
Un feu subtil s’allume, et ses brandons épars
Sur votre don fatal courent de toutes parts ;
Et Cléone et le roi s’y jettent pour l’éteindre ;
Mais (ô nouveau sujet de pleurer et de plaindre !)
Ce feu saisit le roi ; ce prince en un moment
Se trouve enveloppé du même embrasement.
Courage ! enfin il faut que l’un et l’autre meure.
La flamme disparaît, mais l’ardeur leur demeure ;
Et leurs habits charmés, malgré nos vains efforts,
Sont des brasiers secrets attachés à leurs corps ;
Qui veut les dépouiller lui-même les déchire,
Et ce nouveau secours est un nouveau martyre.
Que dit mon déloyal ? que fait-il là-dedans ?
Jason, sans rien savoir de tous ces accidents,
S’acquitte des devoirs d’une amitié civile
À conduire Pollux hors des murs de la ville,
Qui va se rendre en hâte aux noces de sa sœur,
Dont bientôt Ménélas doit être possesseur ;
Et j’allais lui porter ce funeste message.