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Nérine.

Mais, madame, porter cette robe empestée,
Que de tant de poisons vous avez infectée,
C’est pour votre Nérine un trop funeste emploi :
Avant que sur Créuse ils agiraient sur moi.

Médée.

Ne crains pas leur vertu, mon charme la modère,
Et lui défend d’agir que sur elle et son père ;
Pour un si grand effet prends un cœur plus hardi,
Et sans me répliquer, fais ce que je te di.


Scène II.

Créon, Pollux, soldats.


Créon.

Nous devons bien chérir cette valeur parfaite
Qui de nos ravisseurs nous donne la défaite.
Invincible héros, c’est à votre secours
Que je dois désormais le bonheur de mes jours ;
C’est vous seul aujourd’hui dont la main vengeresse
Rend à Créon sa fille, à Jason sa maîtresse,
Met Ægée en prison et son orgueil à bas,
Et fait mordre la terre à ses meilleurs soldats,

Pollux.

Grand roi, l’heureux succès de cette délivrance
Vous est beaucoup mieux dû qu’à mon peu de vaillance :
C’est vous seul et Jason, dont les bras indomptés
Portaient avec effroi la mort de tous côtés ;
Pareils à deux lions dont l’ardente furie
Dépeuple en un moment toute une bergerie.
L’exemple glorieux de vos faits plus qu’humains