Et de si longue main je connais ta prudence,
Que je t’en fais sans peine entière confidence.
Créon bannit Médée, et ses ordres précis
Dans son bannissement enveloppaient ses fils :
La pitié de Créuse a tant fait vers son père,
Qu’ils n’auront point de part au malheur de leur mère.
Elle lui doit par eux quelque remerciement ;
Qu’un présent de sa part suive leur compliment :
Sa robe, dont l’éclat sied mal à sa fortune,
Et n’est à son exil qu’une charge importune,
Lui gagnerait le cœur d’un prince libéral,
Et de tous ses trésors l’abandon général.
D’une vaine parure, inutile à sa peine,
Elle peut acquérir de quoi faire la reine :
Créuse, ou je me trompe, en a quelque désir,
Et je ne pense pas qu’elle pût mieux choisir.
Mais la voici qui sort ; souffre que je l’évite :
Ma rencontre la trouble, et mon aspect l’irrite.
Scène III.
Ne fuyez pas, Jason, de ces funestes lieux.
C’est à moi d’en partir : recevez mes adieux.
Accoutumée à fuir, l’exil m’est peu de chose ;
Sa rigueur n’a pour moi de nouveau que sa cause.
C’est pour vous que j’ai fui, c’est vous qui me chassez.