Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/381

Cette page n’a pas encore été corrigée

Fais état que demain nous assure à jamais
Et dedans et dehors une profonde paix.

Créuse.

Je ne crois pas, seigneur, que ce vieux roi d’Athènes,
Voyant aux mains d’autrui le fruit de tant de peines,
Mêle tant de faiblesse à son ressentiment,
Que son premier courroux se dissipe aisément.
J’espère toutefois qu’avec un peu d’adresse
Je pourrai le résoudre à perdre une maîtresse
Dont l’âge peu sortable et l’inclination
Répondaient assez mal à son affection.

Jason.

Il doit vous témoigner par son obéissance
Combien sur son esprit vous avez de puissance ;
Et s’il s’obstine à suivre un injuste courroux,
Nous saurons, ma princesse, en rabattre les coups ;
Et nos préparatifs contre la Thessalie
Ont trop de quoi punir sa flamme et sa folie.

Créon.

Nous n’en viendrons pas là : regarde seulement
À le payer d’estime et de remerciement.
Je voudrais pour tout autre un peu de raillerie ;
Un vieillard amoureux mérite qu’on en rie :
Mais le trône soutient la majesté des rois