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Mais pour exécuter tout ce que j’entreprends,
Quels dieux me fourniront des secours assez grands ?
Ce n’est plus vous, enfers, qu’ici je sollicite :
Vos feux sont impuissants pour ce que je médite.
Auteur de ma naissance, aussi bien que du jour,
Qu’à regret tu dépars à ce fatal séjour,
Soleil, qui vois l’affront qu’on va faire à ta race,
Donne-moi tes chevaux à conduire en ta place :
Accorde cette grâce à mon désir bouillant.
Je veux choir sur Corinthe avec ton char brûlant :
Mais ne crains pas de chute à l’univers funeste ;
Corinthe consumé garantira le reste ;
De mon juste courroux les implacables vœux
Dans ses odieux murs arrêteront tes feux.
Créon en est le prince, et prend Jason pour gendre :
C’est assez mériter d’être réduit en cendre,
D’y voir réduit tout l’isthme, afin de l’en punir,
Et qu’il n’empêche plus les deux mers de s’unir.