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Permettez cependant qu’afin de m’acquitter,
J’aille trouver le roi pour l’en féliciter.

Jason.

Je vous y conduirais, mais j’attends ma princesse
Qui va sortir du temple.

Pollux.

Qui va sortir du temple. Adieu : l’amour vous presse,
Et je serais marri qu’un soin officieux
Vous fît perdre pour moi des temps si précieux.


Scène II.


Jason.

Depuis que mon esprit est capable de flamme,
Jamais un trouble égal n’a confondu mon âme.
Mon cœur, qui se partage en deux affections,
Se laisse déchirer à mille passions.
Je dois tout à Médée, et je ne puis sans honte
Et d’elle et de ma foi tenir si peu de conte :
Je dois tout à Créon, et d’un si puissant roi
Je fais un ennemi, si je garde ma foi :
Je regrette Médée, et j’adore Créuse ;
Je vois mon crime en l’une, en l’autre mon excuse ;
Et dessus mon regret mes désirs triomphants
Ont encor le secours du soin de mes enfants.
Mais la princesse vient ; l’éclat d’un tel visage
Du plus constant du monde attirerait l’hommage,