Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



NOTICE.


Médée[1] a fourni deux pièces à Corneille. L’une, la Toison d’or (1661), nous montre cette princesse trahissant son père par amour pour Jason ; l’autre, qui occupe le second rang dans l’ordre historique, mais qui est de beaucoup la plus ancienne dans la série chronologique des œuvres de notre poète, nous la présente abandonnée de celui à qui elle a tout sacrifié et immolant à sa vengeance non-seulement sa rivale, mais ses propres enfants.

Ce dernier sujet, profondément tragique, a inspiré tour à tour un grand nombre de poëtes de tous les temps et de tous les pays, et fournirait la matière d’une étude comparative intéressante, mais qui ne peut trouver place dans cette notice[2].

Nous nous contenterons de rappeler ici que Thomas Corneille a puisé dans la pièce de son frère la matière d’un opéra portant le même titre ; et nous signalerons en note au bas des pages les endroits imités d’Euripide et de Sénèque,

Dans le Parnasse ou la critique des poètes, par la Pinelière (p. 60-62), on trouve, parmi de curieux détails sur les habitudes de certains poëtes dramatiques de ce temps, une indication assez précise de l’époque de la composition de Médée : « Ils tâchent par toutes sortes de moyens de voir tous ceux qui écrivent. Ils auront la tête levée une heure entière à l’hôtel de Bour-

  1. Voyez sur les traditions relatives à ce personnage : Histoire de Médée, par l’abbé Banier, Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, tome XIV, p. 41
  2. Cet examen a d’ailleurs été fait avec autant d’érudition que de goût par M. Patin dans ses Études sur les tragiques grecs, Euripide, tome I, p. 149 et suivantes. On peut encore consulter utilement un Parallèle des beautés de Corneille avec celles de plusieurs scènes de la Médée de Sénèque, par M. Guilbert, lu à la Société libre d’émulation de Rouen dans la séance du 16 juin 1804.