Vois ce qu’en te cherchant m’a donné le hasard ;
C’est ce que dans ta chambre a laissé ton départ :
C’est là qu’au lieu de toi j’ai trouvé sur ta table
De ta fidélité la preuve indubitable.
Lis, mais ne rougis point, et me soutiens encor
Que tu ne fuis ces lieux que pour suivre Alidor.
Angélique, reçois ce gage
De la foi que je te promets,
Qu’un prompt et sacré mariage
Unira nos jours désormais.
Quittons ces lieux, chère maîtresse ;
Rien ne peut que ta fuite assurer mon bonheur ;
Mais laisse aux tiens cette promesse
Pour sûreté de ton honneur,
Afin qu’ils en puissent apprendre
Que tu suis ton mari lorsque tu suis Cléandre.
Que je suis mon mari lorsque je suis Cléandre ?
Alidor est perfide, ou Doraste imposteur.
Je vois la trahison, et doute de l’auteur.
Mais, pour m’en éclaircir, ce billet doit suffire[2] ;
Je le pris d’Alidor, et le pris sans le lire ;
Et puisqu’à m’enlever son bras se refusoit,
Il ne prétendoit rien au larcin qu’il faisoit.
Le traître ! J’étois donc destinée à Cléandre !