Nous préserve le ciel d’un pareil désespoir[1] !
Mais votre éloignement n’est plus en mon pouvoir.
J’en ai manqué le coup ; et, ce que je regrette,
Mon carrosse est parti, mes gens ont fait retraite.
À Paris, et de nuit, une telle beauté,
Suivant un homme seul, est mal en sûreté :
Doraste, ou par malheur quelque rencontre pire[2],
Me pourroit arracher le trésor où j’aspire :
Évitons ces périls en différant d’un jour.
Tu manques de courage aussi bien que d’amour,
Et tu me fais trop voir par ta bizarrerie[3]
Le chimérique effet de ta poltronnerie.
Alidor (quel amant !) n’ose me posséder.
Et ne pouvez-vous point d’une seule journée
Retarder le malheur de ce triste hyménée[4] ?
Peut-être le désordre et la confusion
Qui naîtront dans le bal de cette occasion
Le remettront pour vous ; et l’autre nuit, je jure…
Que tu seras encore ou timide ou parjure.
Quand tu m’as résolue à tes intentions,
Lâche, t’ai-je opposé tant de précautions[5] ?
- ↑ Var. Jugez mieux de ma flamme, et songez, mon espoir,
Qu’un tel enlèvement n’est plus en mon pouvoir. (1637-57) - ↑ Var. Doraste, ou par malheur quelque pire surprise
De ces coureurs de nuit me feroit lâcher prise :
De grâce, mon souci, passons encore un jour. (1637-57) - ↑ Var. Et tu me fais trop voir par cette rêverie. (1637-57)
- ↑ Var. Différer le malheur de ce triste hyménée. (1637-57)
- ↑ Var. Ingrat, t’ai-je opposé tant de précautions ?
Tu m’aimes, ce dis-tu ? tu le fais bien paroître,