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ALIDOR.

Foible ruse !Ajoutez et vaine, et sans adresse,
1070Puisque je ne pouvois démentir ma promesse.

ANGÉLIQUE.

Quel étoit donc ton but ?

ALIDOR.

Quel étoit donc ton but ?D’attendre ici le bruit[1]
Que les premiers soupçons auront bientôt produit,
Et d’un autre côté me jetant à la fuite,
Divertir de vos pas leur plus chaude poursuite.

ANGÉLIQUE, en pleurant[2].

1075Mais enfin, Alidor, tes gens se sont mépris ?

ALIDOR.

Dans ce coup de malheur, et confus, et surpris,
Je vois tous mes desseins succéder à ma honte ;
Mais il me faut donner quelque ordre à ce méconte[3] :
Permettez…

ANGÉLIQUE.

Permettez…Cependant, à qui me laisses-tu ?
1080Tu frustres donc mes vœux de l’espoir qu’ils ont eu,
Et ton manque d’amour, de mes malheurs complice,
M’abandonnant ici, me livre à mon supplice !
L’hymen (ah, ce mot seul me réduit aux abois[4] !)
D’un amant odieux me va soumettre aux lois ;
1085Et tu peux m’exposer à cette tyrannie !
De l’erreur de tes gens je me verrai punie !

  1. Var. Quel étoit donc le but de ton intention ?
    ALID. D’attendre ici le coup de leur émotion. (1637-57)
  2. Cette indication manque dans l’édition de 1663.
  3. Var. Permettez-moi d’aller mettre ordre à ce méconte (a).
    ANG. Cependant, misérable, à qui me laisses-tu ? (1637-57)

    (a) Conte, compte. C’est l’orthographe constante de Corneille. Nous la conservons à la rime.

  4. Var. L’hymen (ah ! ce penser déjà me fait mourir !)
    Me va joindre à Doraste, et tu le peux souffrir !
    Tu me peux exposer à cette tyrannie ! (1637-57)