Eh quoi, tu ris encor ! c’est bien faire paroître…
Ta cruauté punie, et mon frère vengé.
Après tout, je connois quelle est ta maladie :
Tu vois comme Alidor est plein de perfidie ;
Mais je mets dans deux jours ma tête à l’abandon,
Au cas qu’un repentir n’obtienne son pardon.
Après que cet ingrat me quitte pour Clarine ?
De le garder longtemps elle n’a pas la mine,
Et j’estime si peu ces nouvelles amours,
Que je te plége[1] encor son retour dans deux jours ;
Et lors ne pense pas, quoi que tu te proposes,
Que de tes volontés devant lui tu disposes.
Prépare tes dédains, arme-toi de rigueur,
Une larme, un soupir te percera le cœur[2] ;
Et je serai ravie alors de voir vos flammes
Brûler mieux que devant, et rejoindre vos âmes.
Mais j’en crains un succès à ta confusion[3] :
Qui change une fois change à toute occasion ;
Et nous verrons toujours, si Dieu le laisse vivre,
Un change, un repentir, un pardon, s’entre-suivre.
Ce dernier est souvent l’amorce d’un forfait,
Et l’on cesse de craindre un courroux sans effet.
Sa faute a trop d’excès pour être rémissible,
Ma sœur ; je ne suis pas de la sorte insensible ;