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de cette nature, et elles pourroient engager un esprit jeune et amoureux à les imiter, si l’on voyoit que ceux qui les commettent vinssent à bout, par ce mauvais moyen, de ce qu’ils desirent.

Malgré cet abus, introduit par la nécessité et légitimé par l’usage, de faire dire dans la rue à nos amantes de comédie ce que vraisemblablement elles diroient dans leur chambre, je n’ai osé y placer Angélique durant la réflexion douloureuse qu’elle fait sur la promptitude et l’imprudence de ses ressentiments, qui la font consentir à épouser l’objet de sa haine : j’ai mieux aimé rompre la liaison des scènes, et l’unité de lieu qui se trouve assez exacte en ce poëme à cela près, afin de la faire soupirer dans son cabinet avec plus de bienséance pour elle, et plus de sûreté pour l’entretien d’Alidor. Phylis, qui le voit sortir de chez elle, en auroit trop vu si elle les avoit aperçus tous deux sur le théâtre ; et au lieu du soupçon de quelque intelligence renouée entre eux qui la porte à l’observer durant le bal, elle auroit eu sujet d’en prendre une entière certitude, et d’y donner un ordre qui eût rompu tout le nouveau dessein d’Alidor et l’intrigue de la pièce.

En voilà assez sur celle-ci ; je passe aux deux qui restent dans ce volume[1].



  1. À savoir Médée et l’Illusion comique. — Cette dernière phrase se trouve dans toutes les éditions qui renferment l’Examen (1660-1682). Elle est exacte pour les impressions in-8o, qui toutes contiennent huit pièces dans leur premier volume (voyez notre tome I, p. 4 et 5) ; mais elle ne l’est pas pour l’édition in-folio de 1663, qui en a douze au lieu de huit.