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D’ailleurs sa résistance obscurcirait sa gloire ;
Je la mériterais si je la pouvais croire.
La voilà qu’un rival m’empêche d’aborder ;
Le rang qu’il tient sur moi m’oblige à lui céder,
Et la pitié que j’ai d’un amant si fidèle
Lui veut donner loisir d’être dédaigné d’elle.


Scène II

Clarimond, Daphins.


Clarimond.

Ces dédains rigoureux dureront-ils toujours ?

Daphnis.

Non, ils ne dureront qu’autant que vos amours.

Clarimond.

C’est prescrire à mes feux des lois bien inhumaines.

Daphnis.

Faites finir vos feux, je finirai leurs peines.

Clarimond.

Le moyen de forcer mon inclination ?

Daphnis.

Le moyen de souffrir votre obstination ?

Clarimond.

Qui ne s’obstinerait en vous voyant si belle ?

Daphnis.

Qui vous pourrait aimer, vous voyant si rebelle ?

Clarimond.

Est-ce rébellion que d’avoir trop de feu ?

Daphnis.

C’est avoir trop d’amour, et m’obéir trop peu.