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D’avoir eu les moyens de déclarer sa flamme,
Et qui présume tant de ses prospérités,
Qu’il croit ses vœux reçus, puisqu’ils sont écoutés ;
Et certes son espoir n’est pas hors d’apparence ;
Après ce bon accueil et cette conférence,
Dont Daphnis elle-même a fait l’occasion,
J’en crains fort un succès à ta confusion.
Tâchons d’y donner ordre ; et, sans plus de langage
Avise en quoi tu veux employer mon courage.

Théante.

Lui disputer un bien où j’ai si peu de part,
Ce serait m’exposer pour quelqu’autre au hasard.
Le duel est fâcheux, et quoi qu’il en arrive,
De sa possession l’un et l’autre il nous prive,
Puisque de deux rivaux, l’un mort, l’autre s’enfuit,
Tandis que de sa peine un troisième a le fruit.
À croire son courage, en amour on s’abuse ;
La valeur d’ordinaire y sert moins que la ruse.

Damon.

Avant que passer outre, un peu d’attention.

Théante.

Te viens-tu d’aviser de quelque invention ?

Damon.

Oui, ta seule maxime en fonde l’entreprise.
Clarimond voit Daphnis, il l’aime, il la courtise ;
Et quoiqu’il n’en reçoive encor que des mépris,
Un moment de bonheur lui peut gagner ce prix.