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LXXXIX
ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION.

Dans des pièces publiées par lui-même, on rencontre soit flus et reflus (les deux mots par s), soit flux (par x), suivi de reflus (par s) : voyez tome I, p. 420, note a ; tome VI, p. 515, note 3 ; et au Lexique, les articles Flux et Reflux.

T, au lieu de d :

Nort, pour nord : voyez tome IX, p. 625, note 2.

T, pour s :

Rhinocérot, pour rhinocéros : voyez tome VI, p. 300, note.

Élision de l’e muet, apostrophe.

On remplaçait souvent par l’apostrophe des e muets qui maintenant s’écrivent, bien que la prononciation les élide. Ainsi : contr’eux (iii, 294, Hor. 300) ; entr’eux (iii, 320, Hor. 889) ; quoiqu’énorme (iii, 344, Hor. 1417) ; quelqu’autre (iii, 489, Pol. 58), ailleurs quelque autre.

On supprimait par fois l’e élidé d’encore :

Qu’arrache encor un nom tr… Excuse les soupirs
Qu’arrache encor un nom trop cher à mes désirs. (iii, 495. Pol. 172.)

On trouve écrit sans apostrophe, selon l’ancien usage : à grand peine, pour à grande peine, à grand’peine (iii, 536. Pol. 1044.)

On constatait par l’apostrophe l’origine de naguère (il n’y a guère), qu’on imprimait n’aguère (iii, 495. Pol. 173.

Mots composés.

Pour un bon nombre de composés, la fusion ou n’était pas faite encore, ou était moindre qu’à présent. Ainsi l’on écrivait en deux mots : par tout, sur tout, quoi que conjonction, en suite, long temps, etc. ; de même chevaux légers, au lieu de chevau-légers (autographe de la lettre à Colbert, 1678) ; on conservait 1’s de plus dans plustost, la pluspart, de hors dans horsmis ; on séparait par un trait d’union les éléments des composés : mal-adroit, mal-heureux, mal-traiter, bien-faiteur, bien-séance, etc. L’usage à cet égard était encore incertain et flottant ; on trouve concurremment dans l’édition de 1682 : mal adroit et mal-adroit ; bien séance (en deux mots) et bien-séance, mal-aisé, mal-aisément et malaisément (soit en un mot, soit en deux) ; bien-heureux et bienheureux ; vray semblable et vray-semblable. Voyez aussi au Lexique les verbes commençant par la préposition entre.

Quelques mots, au contraire, étaient plus étroitement joints que dans l’usage actuel, par exemple : non-plus, des-lors et deslors, etc.

Accentuation.

Sur le système d’accentuation de la dernière édition de Corneille (1682) et de celle que son frère donna dix ans après (1692), nous nous bornerons à deux ou trois remarques.

Ces éditions ne connaissent pour ainsi dire pas l’accent grave ; il semble qu’on ne l’y emploie çà et là que par inadvertance ; elles marquent de l’accent aigu aussi bien l’e ouvert que l’e fermé. Ainsi piéce, scéne, maniére, etc. Elles en marquent aussi, contrairement à notre usage, les e suivis d’x ; ; ainsi : éxamen, éxemple, éxécuter, etc. L’accent aigu se place encore sur certains e qui, si nous en jugeons par là, devaient se prononcer alors autrement qu’aujourd’hui : prémier, prémière, sémence (1682, tome I, p. xlviii), etc. Nous voyons aussi constamment accentué l’e du démonstratif cét. Corneille a fait rimer assiège avec privilége, mais d’Aubignac le lui a reproché. Voyez, ci-après, rime, p. xciv.