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LXXXVI
ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION.

e) Remarques diverses :

Corneille aspire l’h du verbe hésiter :
Et bien que sur le choix il semble hésiter, (vii, 127. Att. 459.)
Voyez un autre exemple et quelques éclaircissements à ce sujet dans le Lexique, tome I, p. 480, au mot Hésiter.

Dans halte, au contraire, l’h n’était pas aspirée et se supprimait même dans l’écriture :
Rien n’étonne : on fait alte, et toute la surprise
N’obtient de ces grands cœurs qu’un moment de remise. (x, 274. Poés. div. 313.)
Voyez la note 1 de la page indiquée. — Les deux formes alte et halte se trouvent, en 1611, dans le Dictionnaire de Cotgrave. Bichelet, en 1680, et Furetière, en 1690, ne donnent que alte. Dans le Dictionnaire de l’Académie de 1694. non-seulement halte est écritavec une h, mais le lecteur est prévenu que « l’h s’aspire. »

Horizon, que nous écrivons avec une h muette, est écrit orizon dans Andromède (tome V, p. 352, note 4).

Dans le mot héroïque, nous trouvons la lettre h aspirée chez Corneille antérieurement à l’année 1660 ; et muette à partir de cette époque : voyez l’article Héroïque. — Voyez aussi les mots Harpie, Hollande.

H ajoutée dans certains mots, chable pour câble : voyez le Lexique, au mot Câble.

C doublé dans sucer, écrit succer : voyez tome VI, p. 172, note 1.

Notre mot portrait, qui s’est généralement écrit au seizième siècle protrait ou pourtrait, a conservé encore, une seule fois il est vrai, dans une indication de mise en scène de la Suite du Menteur, cette dernière forme, qui n’est pas restée bien longtemps en usage (tome IV, p. 338, note 1).

Impourvu, qui se trouve dans les premières comédies de Corneille, a été de bonne heure remplacé par imprévu :
Son adultère amour, son trépas impourvu, (ii, 521. Illus. 1632 var.)
En 1644 :
Son adultère amour, son trépas imprévu.
Un prompt saisissement, une atteinte impourvue
Qui nous blesse le cœur en nous frappant la vue. (ii, 314. Tuil. 105.) Voyez, au Lexique, le mot Impourvu.

Les formes ol et ou étaient prises l’une pour l’autre. Nous lisons par exemple dans le Menteur :
Alcippe, êtes-vous fol — Je n’ai plus lieu de l’être, (iv, 167. Ment. 489.)
Fol est ainsi écrit dans toutes les éditions imprimées du vivant de l’auteur, sauf précisément les deux premières, celles de 1644 qui portent fou, qu’on ne retrouve plus qu’en 1692. Dans la même pièce, au contraire, ce vers :
Elle se jette au col de ce pauvre vieillard (iv, 175, Ment. 624),
n’est ainsi orthographié que dans l’édition de 1656 ; partout ailleurs il y a cou.

On trouve, dans les Poésies diverses, soldan, pour soudan ; les deux formes étaient alors en usage : voyez tome X, p. 211, note 1.

A, où nous mettons e :

Damoiselle et Madamoiselle : voyez tome II, p. 430, note  1 ; et tome VIII, p. 163, note 1.

Guari, pour guéri. Cette forme ne se trouve que dans l’édition in-12, du Cid, imprimée en 1637 : voyez tome III, p. 111, note 4.