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XXIV

Remercîment fait sur-le-champ par Monsieur de Corneille.

Ces vers ont été improvisés à la séance de décembre 1640 du Puy de Palinod de Rouen, pour remercier l’assemblée du prix qu’elle venait de décerner à une pièce que Jacqueline Pascal avait composée par le conseil de Corneille. Voyez ci-dessus, p. 7-9.


Pour une jeune muse absente,
Prince[1], je prendrai soin de vous remercier ;
Et son âge et son sexe ont de quoi convier
À porter jusqu’au ciel sa gloire encor naissante.
De nos poëtes fameux les plus hardis projets 5
Ont manqué bien souvent d’assez justes sujets
Pour voir leurs muses couronnées ;
Mais c’en est un beau aujourd’hui[2] :
Une fille de douze années[3]
A seule de son sexe eu des prix sur ce Puy[4]. 10


  1. Jacques le Conte, marquis de Nonant, lieutenant pour le Roi en ses pays et duché d’Alençon, président du Puy (princeps).
  2. Tel est le texte du manuscrit. Voyez un autre hiatus, ci-après, p, 131, vers 9.
  3. Jacqueline Pascal, née le 4 octobre 1625, avait alors quinze ans accomplis, ainsi que nous l’avons vu plus haut ; mais Corneille a pu se tromper facilement sur son âge, car Gilberte Pascal nous dit que lorsque Jacqueline joua devant le Cardinal, « étant de fort petite taille, et ayant le visage fort jeune, elle ne paroissoit pas avoir plus de huit
    ans, quoiqu’elle en eût treize. » (Bibliothèque de l’École des chartes, tome V, p. 307.)
  4. Il y a dans le manuscrit pays, qui n’a point de sens et ne fait pas le vers.