Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ut taceam reliquos quorum sonat undique fama
Non minor, et grandi pectore vena salit. 80
Hos ego sperarim[1] nequicquam æquare canendo :
Hos sua perpetuum, me mea palma juvet.
Tu modo, quem meritis dudum minor infula cingit,
Neustricæ, præsul, gloria luxque plagæ,
Heroum ad laudes, dignosque Marone triumphos 85
Parce, precor, tenuem sollicitare chelyn.



    renommée, non moindre, retentit de toutes parts, et chez qui la veine poétique jaillit dans un grand cœur. En vain j’espérerais les égaler par mes chants : qu’ils soient à jamais contents des palmes qu’ils ont remportées, et moi des miennes. Pour toi, dont la tête est ceinte d’une mitre qui depuis longtemps déjà n’égale plus ton mérite, prélat, gloire et lumière de la plage neustrienne, épargne, je t’en prie, mon faible luth, et ne le sollicite pas de célébrer les louanges des héros et des triomphes dignes d’un Virgile.


    encore publié que la lettre qui parut en 1623 en tête de l’Adone du cavalier Marin, et quelques poésies. Il avait composé une Ode à Monseigneur le cardinal-duc de Richelieu, publiée d’abord à Paris, chez Iean Camusat, M.DC.XXXIII, in-folio, et ensuite aux pages 1-18 du volume intitulé les Sacrifices des Muses.

  1. On peut voir que Corneille n’a aucun égard au conseil que donnent nos prosodies latines, qui veulent qu’on évite de placer après une finale brève un mot commençant par sp, st, et généralement par deux consonnes dont la seconde n’est pas une liquide. Il y a dans cette pièce quatre exemples de cette licence, aux vers 12, 29, 44 et 81. Voyez la Nouvelle Prosodie latine de M. L. Quicherat, chapitre v, règle ii, 5°. Au reste, les poëtes latins du dix-septième siècle ne tenaient en général nul compte de cette règle. On verra d’assez nombreux exemples de la même licence dans les pièces du P. de la Rue, de Santeul, etc., que nous donnerons dans la suite de ce volume.