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Nec, Lodoïce, tuos ausim temerare triumphos,
Richeliumve humili dedecorare lyra.
Regis ad adventum fusos Rhea protinus Anglos
Tundere spumantes libera vidit aquas.
Victa sibi nullo Rupella[1] cruore madendum 45
Mirata est, iram vicerat ille prius :
Victores dominum, victi sensere parentem[2],
Mœnibus admisit cum benesuada fames.
Quem sprevit socium, dominum tulit inde Sabaudus,
Quique fide pGouit cedere, cessit agris ; 50
Cessit et obsesso pugnax a Cazale Iberus,
Jamque suo servit Mantua læta duci.
Arx quoque totius non impar viribus orbis,

    moi ; et je n’oserais, Louis, ni profaner tes triomphes, ni déshonorer Richelieu en le célébrant sur mon humble lyre.

    À l’arrivée du Roi Rhé libre vit aussitôt les Anglais mis en fuite fendre les flots écumeux. Vaincue, la Rochelle s’étonna de n’avoir pas à ruisseler de sang ; mais déjà il avait dompté sa colère : les vainqueurs trouvèrent en lui un maître, les vaincus un père, quand la faim, bonne conseillère, lui ouvrit les portes. La Savoie, pour avoir méprisé son alliance, subit sa domination, et le prince qui avait osé déserter la bonne foi fut contraint de déserter aussi son territoire. Le belliqueux Ibère se retira de Cazal assiégé, et déjà Mantoue se réjouit d’obéir à son duc. Enfin une place capable de résister

  1. Sur cette victoire et sur celles auxquelles il est fait allusion dans le morceau suivant jusqu’au vers 54 inclusivement, voyez ci-après dans les Triomphes de Louis le Juste, p. 108-110, les inscriptions qui ont pour titre : la Rochelle ; le pas de Suze forcé ; Cazal ; la protection de Mantoue ; Nancy.
  2. Dans les Triomphes de Louis le Juste (vers 36 ; voyez ci-après, p. 106) Corneille s’est rappelé ce vers et l’a ainsi traduit :
    Et père des vaincus, et maître des vainqueurs.
    Et dans les Victoires du Roi en l’année 1667, il a dit (vers 311 et 312) :
    Il entre, mais d’un air qui ravit tous les cœurs,
    En père des vaincus, en maître des vainqueurs.