Hic aliquid dignum laude, Lysandre, furis[1] ;
Nec minus Angelicæ dolor et suspiria spretæ[2],
Quam placuere tui, Phylli jocosa, sales[3] ;
Et quorum in patulos solvis lata ora cachinnos,
Multa his Angelica lacrima flente cadit.
Sed tamen hic scena est, et gestu et voce juvamur,
Forsitan et mancum Roscius[4] implet opus.
Tollit si qua jacent, et toto corpore prodest,
Forsan et inde ignis versibus, inde lepos.
Vix sonat a magno divulsa camœna theatro,
Blæsaque nil proprio sustinet ore loqui.
Hi mihi sunt fines, nec me quæsiveris extra :
Carminibus ponent clausa theatra modum ;
moment même où les marchands de la Galerie font éclater de rire les spectateurs, tu t’abandonnes, Lysandre, à un courroux qui fait quelque honneur au poëte. La douleur et les soupirs d’Angélique dédaignée n’ont pas moins plu que tes brocards, maligne Phylis ; et ceux que tu fais rire à gorge déployée ne peuvent retenir leurs larmes en voyant pleurer Angélique. Mais du moins la scène est là : le geste, la diction nous viennent en aide, et Roscius peut compléter l’œuvre imparfaite. Il relève au besoin ce qui languit ; toute sa personne contribue au succès, et de là peut-être le feu de mes vers, de là leur grâce. Arrachée à son grand théâtre, c’est à peine si ma muse parvient à se faire entendre ; elle bégaye et ne se risque point à parler par sa propre bouche. Là sont mes limites, ne me cherchez pas en dehors : le théâtre fermé, il ne faut plus attendre de vers de
- ↑ Voyez le monologue de Lysandre, qui forme la scène i de l’acte V de la Galerie du Palais et succède immédiatement à la dispute de la Lingère et du Mercier.
- ↑ Voyez diverses scènes de la Place Royale, entre autres les scènes i, ii et iii de l’acte II.
- ↑ Voyez le rôle de Phylis dans la Place Royale, dès la première scène.
- ↑ Allusion flatteuse au talent avec lequel Mondory remplissait les principaux rôles dans ces premières pièces de Corneille. Voyez tome I, p. 130, 131 et 258.