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XII

Dialogue.

Il faut se rappeler que Tirsis[1] est le nom que Corneille s’est choisi lorsqu’il a mis au théâtre l’aventure qui fait le sujet de Mélite. Il n’est peut-être pas trop hasardé de supposer qu’il a écrit ces vers lorsqu’il a obtenu de Mlle Milet l’aveu qu’il n’osait espérer. Ce dialogue n’a pu, comme le sonnet que nous avons vu plus haut (p. 44), entrer textuellement dans la comédie ; mais Corneille semble se l’être rappelé en écrivant la scène iv de l’acte V, où Tircis et Mélite s’entretiennent seuls ; on y retrouve (vers 1635) ces mots que le poëte tenait à conserver et qui font ici l’effet d’un refrain : « Tu t’en peux assurer. » Faut-il croire que ce soient là les propres paroles de Mlle Milet ?…


Tirsis, Caliste.


Tirsis.

Caliste, mon plus cher souci,
Prends pitié de l’ardeur qui me dévore l’âme.

Caliste.

Tirsis, ne vois-tu pas aussi
Que mon cœur embrasé brûle de même flamme ?

Tirsis.

Je n’ose l’espérer. 5

Caliste.

Tu t’en peux assurer.

Tirsis.

Mais mon peu de mérite
Défend un si haut point à ma présomption.
 

  1. Dans l’édition de 1632 ce nom est écrit par un c au troisième vers ; partout ailleurs, par une s.