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IV

Sonnet pour M. D. V.,
Envoyant un galand à M. L. C. D. L.

On ne sait quelles sont les personnes désignées par ces initiales. L’auteur d’un opuscule intitulé « la belle de Ludre, 1648-1725, essai biographique, Nancy, Maubon, 1861, in-8o, » a voulu y voir M. de Vivonne et la comtesse de Ludre ; mais il n’a pas remarqué que ce sonnet a été publié dès 1632, et que la comtesse n’est née qu’en 1648. — Un galand signifie ici un nœud de ruban. Voyez tome II, p. 7, note 5 ; p. 93, vers 1404 ; et le Lexique.


Au point où me réduit la distance des lieux,
Souffrez que ce galand vous porte mes hommages,
Comme si ses couleurs étoient autant d’images
De celle qu’en mon cœur je conserve le mieux.

Parez-en ce beau sein, ce chef-d’œuvre des cieux, 5
Cette honte des lis, cet aimant[1] des courages,

  1. Corneille, quelques années plus tard, critiquait agréablement dans la Veuve (tome I, p. 40, vers 200-204) une galanterie toute semblable :
    Il m’aborde en tremblant avec ce compliment :
    « Vous m’attirez à vous ainsi que fait l’aimant. »
    (Il pensoit m’avoir dit le meilleur mot du monde.)
    Entendant ce haut style, aussitôt je seconde,
    Et réponds brusquement sans beaucoup m’émouvoir :
    « Vous êtes donc de fer, à ce que je puis voir. »
    Mlle de Scudéry, dans une lettre du 28 septembre 1657, par laquelle elle invite un de ses amis à une réunion dans laquelle il doit trouver deux jeunes beautés, l’une brune et l’autre blonde, se moque aussi d’une comparaison du même genre (Manuscrits de Conrart,