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avantage, qu’il est impossible que de vos savantes assemblées, où vous me faites l’honneur de me recevoir, je ne remporte les belles teintures et les parfaites connoissances qui donnant une meilleure forme à ces heureux talents dont la nature m’a favorisé, mettront en un plus haut degré ma réputation, et feront remarquer aux plus grossiers même, dans la continuation de mes petits travaux, combien il s’y sera coulé du vôtre, et quels nouveaux ornements le bonheur de votre communication y aura semés. Oserai-je vous dire toutefois, Messieurs, parmi cet excès d’honneur et ces avantages infaillibles, que ce n’est pas de vous que j’attends ni les plus grands honneurs ni les plus grands avantages ? Vous vous étonnerez sans doute d’une civilité si étrange ; mais bien loin de vous en offenser, vous demeurerez d’accord avec moi de cette vérité, quand je vous aurai nommé Monseigneur le Chancelier[1], et que je vous aurai dit que c’est de lui que j’espère et ces honneurs et ces avantages dont je vous parle. Puisqu’il a bien voulu être le protecteur d’un corps si fameux et qu’on peut dire en quelque sorte n’être que d’esprit, en devenir un des membres, c’est devenir en même temps une de ses créatures ; et puisque par l’entrée que vous m’y donnez je trouve et plus d’occasions et plus de facilité de lui rendre mes devoirs plus souvent, j’ai quelque droit de me promettre qu’étant illuminé de plus près, je pourrai répandre à l’avenir dans tous mes ouvrages, avec plus d’éclat et de vigueur, les lumières que j’aurai reçues de sa présence. Comme c’est un bien que je devrai entièrement à la faveur de vos suffrages, je vous conjure de croire que je ne manquerai jamais de reconnoissance envers ceux qui me l’ont procuré, et qu’encore qu’il soit très-vrai que

  1. Pierre Séguier. Voyez tome V, p. 141, note 1.