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les passions, que de les ressentir, et que l’esprit trouve avec plus de facilité des couleurs pour ce qui le touche

    démie françoise (p. 360 et suivantes), les faits qui précédèrent l’entrée de Corneille dans cette compagnie. Après avoir parlé de M. de Salomon, avocat général au grand conseil, qui, ainsi que le portaient les registres à la date du 12 août 1644, fut nommé à cette époque en remplacement de M. Bourbon, il ajoute : « Il fut préféré à M. Corneille, qui avoit demandé la même place. Le protecteur fit dire à l’Académie qu’il lui laissoit la liberté du choix, et vous jugerez par la suite qu’elle se détermina de cette sorte, pour cette raison que M. Corneille faisant son séjour à la province, ne pouvoit presque jamais se trouver aux assemblées et faire la fonction d’académicien.

    « Je dis que vous le jugerez par la suite ; car depuis, M. Faret étant mort, on proposa d’un côté le même M. Corneille, et de l’autre M. du Ryer, et ce dernier fut préféré. Or le registre* en cet endroit fait mention de la résolution que l’Académie avoit prise de préférer toujours entre deux personnes, dont l’une et l’autre auroient les qualités nécessaires, celle qui feroit sa résidence à Paris.

    « M. Corneille fut pourtant reçu ensuite, au lieu de M. Maynard, parce qu’il fit dire à la Compagnie qu’il avoit disposé ses affaires de telle sorte qu’il pourroit passer une partie de l’année à Paris.

    « M. de Balesdens avoit été proposé aussi ; et comme il avoit l’honneur d’être à Monsieur le Chancelier, l’Académie eut ce respect pour son protecteur de députer vers lui cinq des académiciens pour savoir si ces deux propositions lui étoient également agréables. Monsieur le Chancelier** témoigna qu’il vouloit laisser une entière liberté à la Compagnie ; mais lorsqu’elle commençoit à délibérer sur ce sujet, M. l’abbé de Cerisy lui présenta une lettre de M. de Balesdens***, pleine de beaucoup de civilités pour elle et pour M. Corneille, qu’il prioit la Compagnie de vouloir préférer à lui, protestant qu’il lui déféroit cet honneur, comme lui étant dû par toutes sortes de raisons. La lettre fut lue et louée par l’assemblée, et depuis il fut reçu en la première place vacante, qui fut celle de M. de Malleville. » Dans la seconde édition de l’ouvrage de Pellisson une grande partie de ces détails a été supprimée ; le dernier paragraphe a seul été conservé. Il est probable que c’est à la demande de Corneille que ce changement a été fait (voyez tome VI, p. 103).

     * Du 21 novembre 1646. (Note de Pellisson.)
     ** Registres, 22 janvier 1647. (Note du même.)
     *** Cette lettre a été imprimée, Paris, 1647, in-8o. (Note de M. Livet.)