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contre cette épitaphe. Je ne sais pas si c’est celle qu’on lit aux Feuillants et que M. Piganiol de la Force a fait imprimer dans sa Description de Paris[1]. Chapelain conseille à M. Corneille de ne point se plaindre des vers de Balzac, de peur de rompre avec lui une amitié dont l’un et l’autre se faisoient honneur. »

Nous aurions vivement souhaité de pouvoir vérifier dans le manuscrit même de Chapelain les faits indiqués ici ; mais une note marginale nous apprend que les lettres dont il s’agit sont du 20 juillet et du 25 août 1642, et par malheur la précieuse copie autographe de cette correspondance que possède M. Sainte-Beuve, et qu’il communique si libéralement aux travailleurs, est incomplète, comme l’a dit M. Taschereau[2], et le volume qui manque est précisément celui qui contient les années 1641 à 1658.

Le passage de Goujet que nous venons de rapporter indique où l’on peut rencontrer le texte de Corneille qui a échappé à M. Taschereau ; il est vrai que Goujet ne parait pas certain que l’épitaphe reproduite par Piganiol de la Force soit celle dont Corneille est l’auteur, mais on ne voit point sur quoi peut être fondé ce doute. Millin ne l’a pas un instant partagé, et dans ses Antiquités[3] il attribue sans hésiter cette épitaphe à Corneille. Elle se trouvait sur une tombe de marbre noir, placée dans le chœur des religieux des Feuillants de la rue Saint-Honoré. On ne sait aujourd’hui ce qu’a pu devenir ce marbre tumulaire ; quant aux restes du P. Goulu, ils sont déposés aux catacombes dans l’ossuaire de la paroisse Saint-Sauveur[4].

M. Taschereau s’était posé une question à laquelle, réduit aux éléments dont il disposait, il lui était difficile de répondre avec quelque sûreté. « Le monument, dit-il, fut-il élevé immédiatement après cette mort (de Goulu) et alors que Corneille n’avait fait que Mélite, ou bien monument et épitaphe sont-ils d’une date un peu postérieure et du temps où Corneille avait

  1. Tome II, p. 379 et 380.
  2. Histoire de la vie et des ouvrages de Corneille, seconde édition, p. vii.
  3. Tome I, § v, p. 40-43.
  4. Voyez les Catacombes de Paris, 1862, p. 119.