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XVII


VERS ANONYMES,
publiés dans le mercure de 1677
et qui paraissent devoir être attribués à Corneille.


Comme on va le voir, le rédacteur du Mercure, Donneau de Visé, annonce ces vers avec une pompe qui serait fort déplacée s’il était question d’un poète ordinaire ; la pièce d’ailleurs justifie, surtout dans sa première partie, les éloges que le journaliste lui donne. Nous n’avons pas besoin de chercher beaucoup pour deviner quel est le grand poëte dont veut parler le Mercure. N’avons-nous pas vu de Visé, dès 1663, se déclarer le défenseur de Corneille[1] ? N’a-t-il pas inséré dans son recueil périodique un grand nombre de petits poëmes de notre auteur, encore inédits ou publiés seulement en feuilles volantes[2] ? Enfin, au commencement de l’année où il a fait paraître les vers qu’on va lire, n’a-t-il pas dit formellement en parlant de Corneille : « Les moindres choses de lui sont à conserver[3] ? » Voilà déjà des indices ; voyons si la pièce même les confirme. Ces vers sont adressés à Iris ; Iris, nous le savons, est la même que la Marquise ou la du Parc[4]. Dans les diverses poésies qui lui sont adressées, notre poëte ne manque presque jamais de déplorer la différence d’âge qui le sépare d’elle, et cela se comprend : elle avait environ vingt-sept ans de moins que lui[5]. Ici encore le premier vers est :

Je suis vieux, belle Iris, c’est un mal incurable ;

et un peu plus bas le poète parle de sa décrépitude. C’est là, suivant nous, le dernier opuscule adressé par Corneille à la du Parc. Une seule chose pourrait surprendre, c’est de ne le voir paraître que neuf ans après la mort de celle qui l’a inspiré ; mais ces vers touchaient à la vie privée du poëte, aux préoccupations de son âge déjà avancé : c’est ce qui les lui aura fait garder en portefeuille, et ce qui l’aura

  1. Voyez tome VI, p. 457 et suivantes.
  2. Voyez ci-dessus, p. 285, 308, 309, 322 et 334.
  3. Voyez ci-dessus, p. 310.
  4. Voyez ci-dessus, p. 141 et 142.
  5. Elle mourut en décembre 1668, à l’âge d’environ trente-cinq ans (voyez ci-dessus, p. 142) ; elle était donc née vers 1633.