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« Voici la seule supportable d’entre ces volumes d’épigrammes que l’abbé d’Aubignac et son Académie des Allégories ont composés contre Corneille :

Pauvre ignorant, que tu t’abuses
Quand tu nous dis si hardiment
Que toujours le poëte normand
Avecque lui mène les Muses !
Il en seroit un foible appui
S’il falloit qu’il les eût portées ;
Et s’il les traînoit après lui,
Hélas ! qu’elles seroient crottées !

« Quelqu’un des corneilliens a fait celle-ci :

Qu’ils étoient fous ces vieux stoïques
De se piquer d’être apathiques !
Ils manquoient bien de sens commun.
Ceux-ci sont d’une autre nature ;
Et comme pourceaux d’Épicure,
Tous grondent quand on en touche un[1].

« Les épigrammes qui suivent sont de Richelet :

Hédelin, c’est à tort que tu te plains de moi ;
N’ai-je pas loué ton ouvrage ?
Pouvois-je plus faire pour toi
Que de rendre un faux témoignage[2] ?
Je me voulois venger de l’aveugle cynique[3]
Qui toujours égratigne et pique,
Et mord comme un chien enragé ;
Mais il n’est pas besoin que je le satirise,
Il fait imprimer Macarise :
Ne suis-je pas assez vengé ?

Du critique Hédelin le savoir est extrême ;
C’est un rare génie, un merveilleux esprit.
Cent fois confidemment il me l’a dit lui-même,
Et le grand Pelletier[4] l’a mille fois écrit.
 

  1. Le roman de l’abbé d’Aubignac est : de la Philosophie des Stoïciens. (Note de Tallemant.)
  2. Richelet est un des approbateurs de l’ouvrage de l’abbé. (Note de Tallemant.)
  3. Il ne voit quasi goutte. (Note de Tallemant.)
  4. Pierre de Pelletier, auteur de sonnets, ridiculisé par Boileau.