Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sans choquer le pouvoir que le ciel t’a donné, 140
Et séparer enfin, dans une juste guerre,
Les intérêts du ciel d’avec ceux de la terre.
Sur l’exemple fameux de ces rois sans pareils
Inspire à mon héros ces fidèles conseils.
Prince, dont la valeur et la sagesse est rare, 145
Ménage ta couronne avecque ta tiare ;
Donne aux siècles futurs un exemple immortel ;
Garde les droits du trône et les droits de l’autel ;
Qu’à ton ressentiment la piété s’unisse.
Louis, fais grâce à Rome en te faisant justice ; 150
Pense aux sacrés devoirs d’un monarque chrétien ;
Fais agir ton pouvoir, mais révère le sien ;
Et mêlant au courroux le respect et la crainte,
Punis Rome l’injuste, et conserve la sainte.




XIII


(Voyez la Notice, p. 20.)
VERS DE CORNEILLE,
de ses amis et de ses partisans
contre l’abbé d’Aubignac[1]


1o Mlle des Jardins (depuis Mme de Villedieu), l’abbé d’Aubignac et Pierre Corneille

(Extrait des Historiettes de Tallemant des Réaux, tome VII, p. 250-255.)

« Elle (Mlle des Jardins) fit une pièce de théâtre qu’on appela Manlius, où Manlius Torquatus ne fait point couper la tête à son fils. Quoi qu’en dise l’abbé d’Aubignac, son précepteur, je ne crois pas que cela se puisse soutenir. Cette pièce réussit médiocrement. Une autre, appelée Nitétis, réussit encore moins. Or Corneille dit quelque chose contre Manlius, qui choqua cet abbé, qui prit feu sur-le-champ, car il est tout de soufre. Il critique aussitôt les ouvrages de Corneille ; on imprime de part et d’autre. Pour sa critique, pa-

  1. Voyez dans le tome VI la Notice d’Œdipe, p. 111 et 112 ; celle de Sertorius, p. 356, et surtout celle de Sophonisbe, p. 457-459.