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buée en ces termes à Corneille par Guyot de Pitaval dans sa Bibliothèque de cour, de ville et de campagne[1] : « Un poëte de la même classe (un poète médiocre) avoit le talent de la déclamation, ses vers dans sa bouche imposoient ; le grand Corneille lui envoya ce quatrain :

Tes vers sont beaux quand tu les dis,
Ils ne sont rien quand je les lis ;
Tu ne peux pas toujours les dire :
Fais-en donc que je puisse lire.

C’est encore à l’inépuisable obligeance de M. Édouard Fournier que nous devons cette communication.




IX


(Voyez la Notice, p. 20.)
DEUX SONNETS POUR TIMOCRATE[2].


Endymion[3] est mort : cet illustre champêtre
Est déjà descendu dedans le monument.
Chacun est demeuré dans un étonnement
De l’avoir vu mourir presque aussitôt que naître.

Tous les grands spectateurs qui le virent paroître 5
Disent que le Soleil fit mourir cet amant ;
Mais ils se sont trompés, et dedans un moment
Vous connoîtrez celui qui l’a fait cesser d’être.

Non, Apollon n’est point le sujet de sa mort,
Et ce n’est point par lui qu’il a fini son sort : 10
L’auteur de son trépas assez souvent éclate.
 

  1. Nouvelle édition, Paris, Théodore le Gras, 1746, 7 vol. in-12, tome I, p. 241.
  2. Il s’agit ici de la tragédie de Timocrate, de Thomas Corneille, jouée, suivant les frères Parfait, en novembre 1656, au théâtre du Marais.
  3. Les Amours de Diane et d’Endymion, par Gilbert. Voyez ci-dessus la notice qui est en tête de la pièce LI, p. 154. Les frères Parfait, comme nous l’avons dit, en fixent la première représentation à l’année 1657, mais il semble évident qu’elle est un peu antérieure.