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I

À Monsieur D. L. T.

Nous ignorons quel est le personnage à qui cette épître est adressée ; le vers 27 nous apprend que c’est un ami de Corneille, et les vers 71 et 72 semblent indiquer qu’il est poëte. Nous ne le voyons pas figurer parmi les auteurs des Hommages adressés à Corneille au sujet de la Veuve (voyez tome I, p. 379-393). Il est bien probable que la pièce qu’on va lire n’est pas la plus ancienne de celles qui composent les Mélanges. Les travers poétiques qui y sont agréablement raillés se font remarquer dans l’ode suivante, qui a dû être écrite auparavant. Il semble que la présente épître aurait dû être rapprochée de la chanson qui porte le numéro XIV, avec laquelle elle a plus d’une analogie. Toutefois, en l’absence de renseignements certains, nous avons cru devoir respecter l’ordre suivi par Corneille.


Enfin échappé du danger
Où mon sort me voulut plonger,
L’expérience indubitable
Me fait tenir pour véritable
Que l’on commence d’être heureux5
Quand on cesse d’être amoureux.
Lorsque notre âme s’est purgée
De cette sottise enragée
Dont le fantasque mouvement
Bricole[1] notre entendement,10
Crois-moi qu’un homme de ta sorte,
Libre des soucis qu’elle apporte,
Ne voit plus loger avec lui

  1. C’est-à-dire : amuse et trompe ; au propre : conduit obliquement. Voyez tome IV, p. 322, note 2, et le Lexique.