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le texte de Granet (Œuvres diverses, p. 106-109) ne diffèrent de l’édition originale que par une seule variante (au vers 11).


Ce n’étoit pas assez, grand Roi, que la victoire
À te suivre en tous lieux mît sa plus haute gloire :
Il falloit, pour fermer ces grands événements,
Que la paix se tînt prête à tes commandements.
À peine parles-tu, que son obéissance 5
Convainc tout l’univers de ta toute-puissance,
Et le soumet si bien à tout ce qu’il te plaît,
Qu’au plus fort de l’orage un plein calme renaît.
Une ligue obstinée aux fureurs de la guerre
Mutinoit contre toi jusques à l’Angleterre[1] : 10
Ses[2] projets tout à coup se sont évanouis ;
Et pour toute raison, ainsi le veut Louis[3].
Ce n’est point une paix que l’impuissance arrache,
Et dont l’indignité sous de faux jours se cache :
Pour la donner à tous ne consulter que toi, 15
C’est la résoudre en maître, et l’imposer en roi ;
Et c’est comme un tribut que tes vaincus te rendent,
Sitôt que par pitié tes bontés le commandent.
Prodige ! ton seul ordre achève en un moment
Ce qu’en sept ans Nimègue a tenté vainement[4] : 20

  1. Les dernières conquêtes de Louis XIV avaient excité une grande fermentation dans le parlement d’Angleterre, qui força Charles II à redemander les troupes anglaises qui avaient été au service de la France dès les commencements de la guerre.
  2. Il y a ces dans le texte du Mercure et dans celui de Granet.
  3. C’est comme une traduction du vers bien connu, de Juvénal (satire IV, vers 223) :
    Hoc volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas.
  4. Dans le Recueil de tous les actes, memoires et lettres qui ont servi pour la negociation de la paix, avec les traitez qui ont esté conclus à Nimegue (à Paris, chez F. Leonard, M.DC.LXXVIII, in-4o), la première pièce est intitulée : Projet des conditions de la paix du 9 avril 1678, et la dernière est le traité de la paix entre la France et l’Espagne dont