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signature n’appartiennent pas à Thomas Corneille : le témoignage de Conrart, et plus encore une lecture attentive et réfléchie, nous le prouvent quant à l’une d’elles, que nous avons placée dans l’Appendice sous le numéro XI, et que Granet et tous les autres éditeurs de Corneille n’avaient pas manqué d’accepter de confiance. Dans les dix-huit qui restent, il en est bon nombre que nous serions fort tenté de laisser aussi à Thomas, ne fût-ce qu’à cause de leur faiblesse ; mais il faut se garder en ces matières de se laisser entraîner, sans preuves positives, à ses prédilections ou à ses répugnances, et nous sommes obligé de tout recevoir, sous bénéfice d’inventaire toutefois, et en signalant au lecteur ce danger jusqu’ici inaperçu. Nous n’avons pas voulu néanmoins augmenter, comme à plaisir, le nombre de ces pièces litigieuses à partager entre les deux frères : ainsi nous laissons à Thomas deux sonnets sur sa tragédie de Timocrate, qui portent seulement le nom de Corneille, et que M. Lacroix attribue à Pierre[1]. Du reste, non-seulement il est possible que parmi les pièces que nous attribuons à Pierre, certaines soient de Thomas, mais encore il peut arriver qu’elles ne soient ni de l’un ni de l’autre. Nous prouverons dans l’Appendice[2] qu’une pièce que nous y avons rejetée, qui est attribuée à l’auteur du Cid dans les éditions les plus récentes de ses Œuvres, et qui est signée de lui dans plusieurs recueils formés de son temps, est en réalité de Fléchier. Une épigramme dirigée contre d’Aubignac, que M. Lacroix regarde comme étant de Corneille, dont elle porte en effet la signature dans un recueil, est considérée, avec bien plus de vraisemblance, comme appartenant à Cottin, par un écrivain fort au courant des faits de ce genre, Tallemant des Réaux, qui en citant les épigrammes faites contre d’Aubignac en faveur de notre poëte, évite prudemment dans la plupart des cas les attributions formelles, et se contente de dire que telle petite pièce est de Corneille ou de « quelque corneillien[3]. » Une autre épigramme des plus médiocres, signée Corneille dans un recueil de Chamoudry, se trouve dans les Œuvres de Saint-

  1. Voyez l’Appendice, no IX.
  2. No XII.
  3. Voyez l’Appendice, no XIII.