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Tous ces vieux ornements, traitez-les d’antiquailles : 65
Moi, si je peins jamais Saint-Germain ou Versailles[1],
Les nymphes, malgré vous, danseront tout autour ;
Cent demi-dieux follets leur parleront d’amour ;
Du satyre caché les brusques échappées
Dans les bras des sylvains feront fuir les napées ; 70
Et si je fais ballet pour l’un de ces beaux lieux[2],
J’y ferai, malgré vous, trépigner tous les Dieux.
Vous donc, encore un coup, troupe docte et choisie,
Qui nous forgez des lois à votre fantaisie,
Puissiez-vous à jamais adorer cette erreur 75
Qui pour tant de beautés inspire tant d’horreur,

    Alterno terram concutientque pede.
    Illuc pastores, illuc mihi rustica turba,
    Et pariter veniant dique deæque loci.
    Fauni cum satyris clavam thyrsumque relinquant,
    Tympana cum sistris æraque pulsa sonent :
    Pampinea incomptos redimiti fronde capillos,
    Lascivis celebrent orgia læta modis.
    Jam madidi vino media inter pocula, libent
    Et tibi, magna Pales, et tibi, Bàcche pater.
    Mænades hic ululent sparsis sine lege capillis,
    Et fuget attonitos turba proterva viros.
    Tum lector gaudebit, amat nam mille figuras,
    Se quoque festivis credet adesse choris.
    Quin etiam arridens jam tum mihi plaudit Apollo,
    Plaudit Apollinei docta caterva chori ;

  1. Corneille a substitué « Saint-Germain ou Versailles » à la maison de campagne de Bellièvre, dont parle Santeul. — Lefèvre et plusieurs autres éditeurs ont imprimé :
    Moi, si jamais je peins Saint-Germain et Versailles.
  2. Var. (édit. in-4o) :
    Je dirai plus encor, sans dire pourtant rien
    Qui ne soit avoué par un roi très-chrétien.