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où elles ont été composées, mais d’après l’année où Sercy les a imprimées, les reproduit sans y rien ajouter, et la plupart des éditeurs ont suivi son exemple. M. Taschereau est d’avis d’en attribuer trois autres à Corneille. « Ce dernier, dit-il, porta la parole au nom du lis, de la tulipe, de l’hyacinthe, de la fleur d’orange, de la fleur de grenade et de l’immortelle blanche[1]. » — « Granet, ajoute-t-il en note[2], n’attribue à Corneille que la Tulipe, la Fleur d’orange et l’Immortelle blanche. S’il eût lu la Guirlande de Julie attentivement, il se serait aperçu que les trois autres pièces portent la même signature C., et il eût senti qu’il y avait les mêmes raisons pour les regarder comme sorties également de la plume de Corneille. Des éditeurs de la Guirlande, et notamment M. Nodier, sont plus conséquents dans leur erreur en les attribuant toutes six au même auteur, Conrart. » Conformément à cette opinion, l’éditeur des Œuvres complètes de Corneille, publiées à l’imprimerie Lahure, n’a pas hésité à admettre les trois pièces jusque-là repoussées. Quant à nous, déterminé moins par l’exemple de Granet que par celui de Sercy, qui était probablement guidé par des renseignements positifs lorsqu’il n’attribuait à Corneille que trois des six pièces signées C. dans le manuscrit original, nous n’osons être plus décisif que lui, et nous nous contentons de renvoyer à l’Appendice les trois pièces qui sont l’objet du litige.

Le Presbytère d’Hénouville, que l’ordre chronologique amène après la Guirlande de Julie, est un agréable petit poëme qu’on voit volontiers figurer parmi les Œuvres de Corneille. Peut-être est-ce là le motif qui l’y a fait admettre si facilement. Examinons cependant la manière dont il s’y est introduit, et voyons s’il y a lieu de l’y maintenir. En 1834, M. Emm. Gaillard publia dans le Précis analytique des travaux de l’Académie de Rouen (p. 164-169) un mémoire intitulé : Nouveaux détails sur Pierre Corneille recueillis dans l’année où Rouen érige une statue à ce grand poëte. Ce mémoire commence ainsi : « Corneille naquit un samedi et mourut un dimanche. Il vécut cinquante-

  1. Histoire de la vie et des ouvrages de P. Corneille, deuxième édition, p. 107 et 108.
  2. Page 318.