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Votre défaite en chasse un sort plus rigoureux : 315
Si vous aviez vaincu, vous seriez moins heureux.
On m’en croit, on l’aborde, on lui porte des plaintes ;
Il écoute, il prononce, il fait des lois plus saintes ;
Chacun reste charmé d’un si facile accès,
Chacun des maux passés goûte le doux succès[1], 320
Jure avec l’Espagnol un éternel divorce,
Et porte avec amour un joug reçu par force.
C’est ainsi que la terre, au retour du printemps[2],

    Undique festivo fremit omnis Belgica pubes
    Murmure : composito pars labra natantia risu,
    Pars lætos oculorum ignes, et utrinque fluentem
    Erecta cervice comam ; pars ardua frontis
    Miratur decora, et cultu sub simplice laudat
    Regales habitus, majestatemque serenam ;
    Cuncti animum flecti facilem plebisque patentem
    Questibus, et recta librantem singula lance,
    Et memorant ultro, et tanto sibi vindice gaudent.
    Sic, ubi post longas hiemes insanaque Cauri

  1. Le succès, l’issue. Voyez le Lexique.
  2. Les onze vers latins qui correspondent aux vers 323-332 se trouvent aux pages 5 et 6 du tome III de la troisième édition des Œuvres de Santeul publiée en 1729. Ils sont intitulés : In hæc verba S. Augustini Deum alloquentis : « Quis mihi dabit acquiescere in te ? Quis mihi dabit ut venias in cor meum, et inebries illud, ut obliviscar mala mea, et unum bonum meum amplectar te ? » (Augustini Confesslones, lib. I, cap. v.) Ensuite viennent les vers français avec ce titre : Sur la conversion de S. Augustin. Sur ces paroles de S. Augustin (au premier livre de ses Confessions, chapitre v), traduction par Pierre Corneille : « Qui me fera la grâce, Seigneur, de me reposer en vous ? Qui me fera la grâce de vous voir venir dans mon cœur, et l’enivrer du vin céleste de votre amour ? afin que je perde le souvenir de mes maux, et que je vous embrasse de toutes les puissances de mon âme, comme mon seul et unique bien. » — Santeul est-il le véritable auteur des onze vers latins, et le P. de la Rue les a-t-il insérés plus tard dans son poëme, ou bien, ce qui est beaucoup plus vraisemblable, a-t-on trouvé dans les papiers de Santeul un simple rapprochement entre ces vers du P. de la Rue et le passage